La liberté de transporter un ordinateur portable ou un client léger sans serveur

Gazette Linux n°134 — Janvier 2007

Richard Sevenich

Adaptation française: Matthieu Maquevice

Relecture de la version française : Deny

Article paru dans le n°134 de la Gazette Linux de Janvier 2007.

Article publié sous Open Publication License. La Linux Gazette n'est ni produite, ni sponsorisée, ni avalisée par notre hébergeur principal, SSC, Inc.


Table des matières

Le problème
La solution n’est pas loin
Un dispositif USB amorçable
L'ordinateur
Logiciel d'amorçage du périphérique USB
Les avantages

Résumé

La solution proposée par le Dr Sevenich dans cet article représente en grande partie ce que je considère comme l'avenir du matériel informatique. À l'heure actuelle, nous mettons dans le même panier plusieurs équipements informatiques distincts que nous référençons sous le nom commun générique d'« Ordinateur » ; cependant le fait de les considérer comme des unités distinctes servant un objectif commun peut être crucial pour déterminer les orientations de développement.

Imaginez tout un système fondé sur l'approche modulaire proposée dans cet article : par exemple, un écran et un clavier enroulables, un module CPU minuscule (peut-être sous forme d'une partie détachable du clavier ou de l'écran, ou faisant partie d'un PDA récent avec les connecteurs appropriés), un clavier tactile (ou une minuscule souris optique fixée au bout du doigt) et un lecteur USB de 60 Go configuré comme décrit ci-dessous. Ces derniers occupent très peu d'espace (on n'aura donc aucun problème dans un aéroport), sont très légers, la question de la fragilité n'est plus un souci, et, si on a les composants conçus pour bien s’intégrer avec le système, il n'y a pas de problème de reconnaissance ou de configuration.

Les avantages et les mérites de produire un système informatique complètement mobile, si facilement configurable et prêt à l’emploi sont nombreux et évidents, à la fois pour les fournisseurs et les utilisateurs ; le matériel pour faire ça existe déjà. Nous ne pouvons qu'espérer que certaines entreprises disposant des ressources appropriées relèveront le défi et permettront de réduire le temps qui nous sépare de la production de telles machines.

Le problème

Imaginez les files d’attente aux contrôles de sécurité dans un grand aéroport. Elles sont longues, n’avancent sans doute pas très vite, et beaucoup de gens dans la file transportent des ordinateurs portables. Certains d’entre eux utiliseront leur ordinateur dans l'avion ; d'autres le rangeront dans le compartiment à bagages au-dessus d’eux ou à leur pieds. L’avantage qu’il offre est d’emmener votre environnement de travail avec vous, y compris l'accès Internet. Le problème est que l'ordinateur portable est coûteux, relativement lourd, relativement encombrant, et c’est un équipement fragile, avec une durée de fonctionnement limitée par les batteries. Il existe diverses solutions à ce problème, mais aucune d'elles ne s'est montrée, jusqu’à maintenant, assez viable/pratique pour persuader les possesseurs d'ordinateurs portables de changer leurs habitudes.

La solution n’est pas loin

Nous allons vous exposer ici une solution utilisant des technologies existantes, mais qui n'ont pas encore été déployées dans l’optique qui nous intéresse. La solution semble présenter un intérêt pour les entreprises et il en découle d’autres avantages. Les éléments de cette solution sont les suivants :

  • un micro-lecteur USB amorçable ou un périphérique de mémoire de masse flash

  • un ordinateur avec écran, souris, clavier, port USB, et avec une connectivité Internet, et qui peut lancer le micro-lecteur USB, et

  • un logiciel de démarrage sur le périphérique USB de même type que sur un liveCD.

Abordons plus en détails chacun de ces éléments, en supposant qu’on a un système d’exploitation Linux. On pourrait aussi le faire avec d'autres systèmes d'exploitation, mais pour des SE de type Microsoft Windows©, il pourrait s'avérer nécessaire que les fournisseurs de logiciel propriétaire changent leurs approches commerciales et leur système de licences ou qu’au moins ils les repensent. Par contre, l’approche commerciale de Linux, sans contrainte, adaptable et souple permet à un chef d’entreprise d'être plus réactif.

Un dispositif USB amorçable

Nous pouvons facilement trouver des exemples sur Internet de périphériques USB ayant été configurés pour :

  • être amorçable,

  • contenir un noyau Linux comprimé qui se décompresse et se place dans la RAM au démarrage,

  • contenir un système de fichiers racine en lecture/écriture.

En résumé, il fonctionne exactement comme un disque dur normal. Certaines implémentations de liveCD peuvent installer un Linux amorçable dans un dispositif USB (par exemple la famille Ubuntu©).

Ces appareils sont de petites tailles : ainsi, un micro-lecteur flash ou ordinaire peut facilement tenir dans la paume de la main, mais il possède d'importantes capacités de stockage. Par exemple, à la date d’aujourd’hui, je peux aller dans un centre commercial et acheter un micro-lecteur USB de 8Go pour un coût d'environ 100USD. Enfin, ils n'ont pas besoin d'avoir leurs propres alimentations, car ils peuvent être alimentés directement par le port USB.

C’est clair : voilà ce que les gens qui se déplacent avec un portable devraient transporter à la place de leur ordinateur. Notons également qu'il est relativement facile de sauvegarder le contenu intégral du périphérique USB sur un deuxième périphérique USB bon marché ou d'autres supports de sauvegarde externes.

L'ordinateur

Il faut que l’ordinateur ait des périphériques relativement standard qui correspondent aux pilotes de périphériques Linux existants. Il serait judicieux pour l’entreprise mettant en oeuvre cette solution de choisir des périphériques dont le code source est dans l'arborescence du noyau, en évitant les pilotes uniquement binaires. Cela permettrait de satisfaire les besoins de tous les utilisateurs et de créer un produit moins fragile et plus facile à mettre à jour.

L'ordinateur a besoin d'un BIOS, ou un équivalent d'amorçage, qui est configuré pour démarrer à partir de notre périphérique USB. Il n'a pas besoin de son propre disque dur; il s'agit en fait d'un client léger sans serveur (TCNS,Thin Client with No Server. D'autre part, s'il s'agit d'un ordinateur de bureau ou d'un ordinateur portable avec un disque dur interne, ce n'est pas un problème fondamental, à condition qu'on puisse démarrer sur le périphérique USB. Toutefois, pour une utilisation dans les aéroports et les avions, l'approche TCNS fournit un produit moins cher et plus durable.

Logiciel d'amorçage du périphérique USB

Le logiciel d’amorçage sur un liveCD ressemble fortement au type de logiciel que nous voulons, son principal inconvénient étant que le moyen de stockage est en lecture seule. Un liveCD est capable, quand il est en forme, de reconnaître et de déployer correctement les pilotes des périphériques et les fichiers de configuration pour :

  • une carte Ethernet filaire,

  • une carte Internet sans fil,

  • une carte graphique et d'affichage, et

  • d'autres dispositifs assortis.

Ce processus ne se passe pas toujours très bien, mais la principale difficulté disparaîtrait si le TCNS cible disposait des périphériques relativement standard qui correspondent aux pilotes de périphériques Linux existants dans l’arborescence source. Des problèmes de compatibilité ascendante peuvent survenir sur des ordinateurs de bureau, ou portables, anciens, que les entreprises continuent parfois d’utiliser, qui ont été choisis au hasard à la place du TCNS plus standardisé. Ces problèmes disparaîtraient dans la plupart des cas pour des machines « grand public », puisque les pilotes de périphériques nécessaires sont inclus dans les sources de Linux. [Nous résistons à la tentation de définir une machine « grand public » comme une machine pour laquelle les pilotes de périphériques dont elle a besoin sont effectivement inclus dans les sources Linux.]

Catégorie: Mobilité Le problème est que l'ordinateur portable est, du fait de la technologie mise en oeuvre, coûteux, relativement lourd, relativement encombrant, et fragile, et qu'il a une durée de fonctionnement limité par la durée des batteries lorsqu'il n'est pas sur secteur.

Les avantages

Si nous portons notre attention sur le voyageur en avion qui transporte actuellement un ordinateur portable, la solution proposée implique beaucoup moins :

  • de tracas / de stress,

  • d'efforts physiques, et

  • de risques d'endommager l'ordinateur portable.

Il allège la charge du personnel de sécurité, la file pour le contrôle de sécurité avance plus rapidement, et permet aux voyageurs une plus grande souplesse dans le choix des bagages à main.

On a voulu mettre l'accent sur la portabilité dans le cadre des voyages en avion pour illustrer le problème général de la portabilité et la solution possible. La solution proposée pourrait aussi profiter :

  • aux étudiants et formateurs dans le contexte universitaire

  • aux employés de bureau

  • aux parents des élèves qui insistent sur le fait qu'ils ont besoin d'un ordinateur portable pour l'école, en plus de l'ordinateur de bureau qu'ils ont à la maison

  • etc.

De plus, l'utilisation de l'approche TCNS pourrait :

  • réduire le fardeau que représente la sécurité système dans certains contextes

  • réduire la consommation d'énergie, et

  • fournir des variantes intéressantes, comme VOIP.

Dr Richard Sevenich, Professeur émérite en Informatique, a pris sa retraite début 2006 lorsqu'il travaillait à l'Université Eastern Washington. Toutefois, désireux de rester actif, il enseigne actuellement l'Informatique à temps partiel à l'Institut universitaire Malaspina, de Nanaimo en Colombie-Britannique (Canada). Son enseignement et ses sujets de recherche concernent les domaines des systèmes d'exploitation, de la conception des compilateurs, et de la commande des processus industriels par langage d'états. Il écrit de temps à autre des articles sur ces thèmes et sur d'autres sujets. Il utilise Linux depuis l'été 1994.