Manuel du débutant pour réaliser un double amorçage Linux Mint / Windows XP

Gazette Linux n°136 — Mars 2007

Stéphane Brenot

Adaptation française

Joëlle Cornavin

Relecture de la version française

Article paru dans le n°136 de la Gazette Linux de mars 2007.

Article publié sous Open Publication License. La Linux Gazette n'est ni produite, ni sponsorisée, ni avalisée par notre hébergeur principal, SSC, Inc.


Cet article est une première pour moi. Je l'ai écrit pour un de mes amis désireux de tester un système d'exploitation que j'ai l'habitude de promouvoir – vous l'avez deviné, nous parlons de Linux. Mais il n'est pas certain de savoir comment s'y prendre et n'est pas réellement prêt à se séparer de Windows — pour l'instant. Et je le comprends : changer pour un nouveau système d'exploitation peut être déroutant mais serait plus facile si on le fait progressivement. J'ai promis de l'aider, mais comme il réside dans un autre pays, j'ai décidé qu'écrire un article serait la meilleure solution. Dans cet esprit, je vais indiquer la marche à suivre en détaillant réellement les étapes de l'installation.

Qu'est-ce que Linux Mint ? Il s'agit d'une distribution assez récente basée sur la distribution Linux Ubuntu bien connue. Linux Mint est, à mon avis, plus simple pour les nouveaux utilisateurs — puisque la plupart des fonctionnalités, y compris la prise en charge du matériel propriétaire, sont censées être opérationnelles immédiatement. Et dans sa toute dernière version, Linux Mint 2.2 Bianca, elle s'avère tout simplement excellente !

Pour commencer, téléchargez l'image du cédérom d'installation (LinuxMint-2.2.iso), d'une capacité d'environ de 700 Mo, ce qui peut prendre un certain temps. Une fois que vous l'avez, vous pouvez vérifier son intégrité avec le fichier checksum et en suivant ces instructions (en anglais) [1]. Gravez ensuite cette image sur un cédérom. Cela ne signifie pas ajouter simplement le fichier LinuxMint-2.2.iso et graver un cédérom de données. Vous trouverez ici et ici deux sites web qui expliquent comment le faire sous Windows. Je vous conseille de graver le cédérom en utilisant la vitesse de gravure la plus réduite possible afin d'éviter des erreurs. Une fois cette opération effectuée, il devrait y avoir deux dossiers sur le cédérom, nommés casper et isolinux, ainsi qu'un fichier md5sum.txt. Dans le cas contraire, il y a eu un problème et votre cédérom ne fonctionnera pas.

Au cours de tous mes « bidouillages » pour installer diverses distributions, je n'ai jamais été confronté à un scénario dans lequel je perds toutes les données de mon disque dur — et j'ai certainement beaucoup « bidouillé ». Toutefois, je ne saurais trop vous recommander de sauvegarder l'ensemble des données de votre ordinateur.

Dans un second temps, vous devrez libérer de l'espace sur votre disque dur dans lequel installer Linux. Mint nécessite un minimum absolu de 3 Go minimum, mais je vous recommande vivement au moins 5 Go — avec des disques durs aussi volumineux qu'ils le sont actuellement, il n'y a aucune excuse de s'en priver (une capacité supérieure serait même souhaitable). Pensez à lancer le Défragmenteur de disque pour défragmenter la totalité de votre disque dur, de façon à ce que tout votre espace libre soit regroupé en un seul gros bloc et non dispersé en petits morceaux. Maintenant, je ne suis pas certain de la manière dont il fonctionne sous Windows — je ne m'en suis pas servi depuis un certain temps — mais vous ne devrez probablement pas utiliser votre ordinateur durant la défragmentation (sinon il commence à défragmente depuis le début à chaque écriture sur le disque dur). Linux évite tout ce problème en ne permettant pas la fragmentation du disque dur dans le premier secteur. Astucieux, n'est-ce pas ? Une fois cette opération terminée, vous pouvez passer à la partie la plus amusante — installer Linux Mint !

Insérez le cédérom de Linux Mint que vous venez de créer dans le lecteur et redémarrez. Il se peut que vous ayez à modifier votre BIOS de façon à amorcer à partir du cédérom avant le disque dur. En amorçant à partir du cédérom, le premier écran que vous verrez est celui des options d'amorçage ci-dessous.

Contentez-vous d'appuyer sur Entrée et d'admirer le joli écran de démarrage de Linux Mint. Quand tout est chargé, vous serez récompensé par un bureau très attractif qui ne peut être décrit de façon appropriée que par… mint (en français « parfait ») ! Regardez.

Linux Mint est un cédérom live. Cela signifie qu'il lance un système d'exploitation fonctionnel qui tourne entièrement à partir du cédérom. Et que dans cet état, vous pouvez l'utiliser sans modifier quoi que ce soit dans votre disque dur. L'inconvénient est que vous ne pouvez pas faire de changements permanents : chaque fois que vous redémarrez, toutes les modifications sont perdues. De plus, selon la quantité de mémoire vive dont vous disposez, le cédérom live est plus lent qu'un système d'exploitation installé sur le disque dur. Aussi, vous pouvez l'explorer en tant que cédérom live si vous essayez juste de voir de quoi est capable Linux Mint. Mais nous sommes ici pour entrer dans le vif du sujet ! Double-cliquez sur l'icône Install sur le bureau et démarrons l'installation.

S'ouvre alors la boîte de dialogue d'installation. La première chose que j'ai remarquée est l'indication « Étape 1 sur 6 » en bas à gauche. Linux est devenu réellement très facile à installer ! Si nous ne nous lancions pas dans une installation à double amorçage, tout manuel serait totalement hors de propos. Ne vous inquiétez pas cependant — mettre en place le double amorçage ne présente pas plus de difficultés.

Revenons à notre installation — le premier écran est explicite. Choisissez la langue que vous souhaitez pour votre système final et cliquez sur Avancer.

La deuxième étape est tout aussi facile que la première : choisissez simplement votre fuseau horaire dans la liste déroulante. Vous pouvez aussi cliquer sur votre région sur la mappemonde, et la carte zoomera, vous permettant de sélectionner votre ville directement. Cliquez ensuite sur Avancer à nouveau.

Il est temps maintenant de choisir la disposition de votre clavier. Vous pouvez tester les touches dans le champ situé sous les listes (comme je l'ai montré). C'est si facile…

L'écran suivant vous invite à saisir quelques informations vous concernant : votre nom complet et le nom que vous voulez utiliser pour vous connecter. Saisissez votre mot de passe, deux fois, ainsi qu'un nom pour votre machine. Le compte créé ici sera le compte administrateur disposant du contrôle complet du système d'exploitation. Je parlerai des comptes d'utilisateur une autre fois. Cliquez sur Avancer

Nous avons atteint la partie « difficile » — le partitionnement du disque. Comme nous ne souhaitons pas effacer l'ensemble du disque, nous choisissons la seconde option. Nous allons effectuer cette opération à la main ! Cliquez sur Avancer.

Ce clic ouvre l'éditeur de partitions : il examine tous vos disques durs et affiche les partitions présentes, ainsi que tous leurs détails. Si vous avez plus d'un disque dur physique, alors vous pouvez passer de l'un à l'autre à l'aide de la liste déroulante en haut à droite. Votre disque maître est généralement le premier — c'est à dire hda ou sda. Le disque esclave sera noté hdb ou sdb. Et les partitions sont numérotées hda1, hda2, hda3 et ainsi de suite.

Si vous êtes attentif, vous remarquerez que mon disque dur est divisé en trois partitions — hda1 est ma partition d'échange (swap) Linux, hda2 contient mon installation principale de Linux Ubuntu et hda3 est une partition de test que j'utilise pour expérimenter d'autres distributions Linux. Mais dans le cas présent, c'est une partition NTFS vide, le système de fichiers qu'utilise Windows XP. Comme je ne tiens pas à effacer ma partition Ubuntu juste ainsi, je peux vous montrer comment redimensionner une partition NTFS : imaginez que hda3 soit la partition dans laquelle vous avez libéré 5 Go (voire plus) pour Linux au début de ce manuel. Si vous pensez en termes de lecteurs C:\, D:\, E:\, etc. sous Windows, sachez qu'il n'y a pas de lien direct entre ceux-ci et le système de nommage hda1, hda2, hda3, etc. de Linux. Je vous suggère de vous fier plutôt à la taille des partitions et à l'espace libre disponible dans chacune d'elles pour savoir exactement quelle partition vous allez redimensionner. Faites un clic droit sur la partition que vous souhaitez redimensionner et sélectionnez Redimensionner/Déplacer. La boîte de dialogue suivante s'ouvre :

Diverses méthodes s'offrent à vous pour définir comment vous souhaitez redimensionner votre partition. La plus simple consiste à saisir simplement le nombre de mégaoctets que vous souhaitez attribuer à Linux Mint dans le dernier champ d'entrée indiquant « Espace libre suivant (Mio) ». Pour disposer de 5 Go par exemple, saisissez 5000. J'ai saisi un nombre inférieur à 5000 dans ce champ, mais ce n'est qu'un exemple dans lequel j'ai un peu triché. L'éditeur de partitions n'effectuera aucun changement jusqu'à ce que vous lui indiquiez explicitement de le faire en cliquant sur le bouton Appliquer. Donc, pour l'instant, cliquez sur Redimensionner.

Comme vous pouvez le constater, la partition NTFS a été réduite et il y a maintenant de l'espace non alloué à sa suite. C'est là que Mint résidera.

 

[Soyez prudent en modifiant les partitions. Assurez-vous de disposer d'une sauvegarde de toutes vos données importantes et veillez également à ce que votre ordinateur ne soit pas interrompu lorsque vous effectuez le redimensionnement. Si vous savez que le système risque de « planter » ou qu'il est instable, ne faites rien ou servez-vous d'un disque dur neuf ou tout au moins inutilisé.]

 
 -- René

Ensuite, vous devez créer une partition primaire ou étendue. Tout dépend du nombre de partitions existant déjà sur votre disque dur et de leur type. Un disque dur peut héberger un maximum de quatre partitions primaires. Si vos partitions sont nommées de hda1 à hda4, il s'agit de partitions primaires. hda5 et suivantes sont des partitions étendues. Donc, si vous avez une ou deux partitions primaires, vous pouvez créer des partitions primaires ; autrement, vous devrez créer des partitions étendues.

Toute installation de Linux requiert une partition d'échange, qui est l'équivalent du fichier de pagination de Windows. Voyez-la comme une extension de la mémoire vive de votre ordinateur. La règle générale est que la taille de votre partition d'échange devrait correspondre à la quantité de mémoire vive de votre ordinateur multipliée par 1,5. Toutefois, avec les tailles de mémoire vive devenant très importantes de nos jours, vous n'avez pas besoin d'une partition d'échange énorme. Pour moi, 512 Mo est un maximum pour un ordinateur de bureau. Linux Mint recommande un minimum de 256 Mo. Cliquez sur l'espace non alloué puis sur le bouton Nouveau en haut à gauche pour créer une nouvelle partition.

Saisissez simplement la quantité d'espace d'échange que vous souhaitez dans le champ « Nouvelle taille (Mio) ». À titre d'exemple, je dispose de 256 Mo de mémoire vive et ma partition d'échange a une taille de 384 Mo, ce qui est plus que largement adapté à mes besoins. Je n'ai pas besoin d'une autre partition d'échange — Ubuntu et Mint peuvent utiliser toutes deux celle que j'ai déjà. L'espace réservé pour la partition d'échange correspond à ce que j'ai soustrait précédemment des 5 Go lorsque j'ai « triché ». Choisissez ensuite si ce sera une partition primaire ou une partition étendue comme nécessaire, à partir de la liste déroulante, puis sélectionnez linux-swap dans l'autre liste déroulante. Cliquez sur Ajouter.

Maintenant, nous allons créer la partition sur laquelle nous installerons le système d'exploitation. Cliquez sur l'espace non alloué restant puis sur le bouton Nouveau en haut à gauche.

Assurez-vous que cette partition remplisse la totalité de l'espace non alloué — les champs « Espace libre précédent » et « Espace libre suivant » doivent tous deux être à 0 (zéro). Sélectionnez à nouveau partition primaire ou étendue de façon appropriée, puis choisissez un système de fichiers dans la liste déroulante plus bas. Linux Mint est préréglé sur le système ext3, qui a fait ses preuves. Je préfère reiserfs, qui est plus récent et présente quelques avantages en termes de performances par rapport à ext3. À vous de choisir. C'est d'ailleurs la philosophie de Linuxliberté et choix ! Continuons… Cliquez sur Ajouter.

Jetez un coup d'œil sur les opérations en attente dans la fenêtre de l'application de partitionnement. Vérifiez que vos partitions ressemblent à ce que vous souhaitez. Il n'y a aucun moyen de revenir en arrière après. Inspirez profondément et cliquez sur Avancer.

Oups, attendez… Une alerte… apparaît. Cliquez sur Appliquer à nouveau.

Et… opération réussie ! Cliquez sur Fermer.

Finalement, nous parvenons à la fin de cette si longue étape 5 — les points de montage des partitions. Vérifiez que la partition que vous avez créée pour Linux Mint est montée dans / et la partition d'échange en tant que swap. Le reste ira dans les points de montage /media/hd* en fonction du numéro de la partition. Je ne suis pas certain que les partitions NTFS soient montées par défaut à ce stade, puisque j'ai supprimé ma propre partition NTFS. Si ce n'est pas le cas, il existe un outil pour le faire ultérieurement. Vérifiez également que les partitions / et swap sont marquées comme devant être reformatées et non le reste. Voilà, vous en avez terminé avec le partitionnement ! Cliquez sur Avancer.

Nous voici à l'étape finale ! En réalité, il s'agit plus d'un résumé de ce que fera l'installateur. La seule option possible ici est de choisir l'emplacement de GRUB, le chargeur d'amorçage (ce que vous rencontrerez en premier lieu en démarrant votre ordinateur). Ne modifiez rien ; la plupart du temps, tout fonctionnera correctement tel quel. Cliquez maintenant sur Install.

Comme l'installation dure approximativement 20 à 25 minutes, vous pouvez vaquer à d'autres occupations pendant ce temps.

Et voilà, nous avons atteint le terme de notre voyage… en fait, le vôtre ne fait que commencer. Par simple curiosité, j'ai chronométré cette installation. Bien sûr, ce n'est pas la première fois pour moi, mais je l'ai faite tranquillement — de plus, j'ai pris les captures d'écran que vous voyez ici. Depuis l'amorçage avec le cédérom au redémarrage, il ne m'a fallu que 55 minutes. Ce n'est pas mal pour un système d'exploitation soit-disant « compliqué », « réservé uniquement aux passionnés d'informatique ». Et surtout, tout fonctionne parfaitement — depuis la lecture de fichiers mp3 aux sites web chargés avec Flash. Même cet article, y compris toutes les éditions d'images, a été fait sous Linux Mint !

Si vous constatez que vous avez besoin d'aide supplémentaire sur cette distribution, visitez le forum Linux Mint où des personnes aimables seront sûrement heureuses de vous aider.

En attendant, lancez-vous et cliquez sur ce bouton « Redémarrer maintenant » — et faites-vous plaisir !

Shane, interne en médecine en Roumanie, est un fervent utilisateur de Linux et des logiciels libres (FOSS, Free Open Source Software) depuis 2004. Il passe beaucoup de temps sur les forums consacrés à Linux à l'apprendre et à aider des utilisateurs quand il peut. Actuellement, sa distribution favorite est Ubuntu, bien que par le passé il ait utilisé Mandrake/Mandriva sur son ordinateur de bureau et qu'il continue à le faire pour son serveur de réseau domestique.

Adaptation française de la Gazette Linux

L'adaptation française de ce document a été réalisée dans le cadre du Projet de traduction de la Gazette Linux.

Vous pourrez lire d'autres articles traduits et en apprendre plus sur ce projet en visitant notre site : http://wiki.traduc.org/Gazette_Linux.

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[1] Vous trouverez également ces instructions en français ici. (N. d. T.)