GAZETTE N°27: Traitement de texte Maxwell

Traitement de texte Maxwell

Par Larry Ayers.

Adaptation Française : Éric Jacoboni


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5. Le traitement de texte Maxwell

5.1 Introduction

Une annonce intéressante à été postée fin février dans le forum comp.os.linux.announce concernant la mise à disposition libre d'un nouveau traitement de texte pour Linux. Il semble que le traitement de texte Maxwell ait été développé par une société de logiciel anglaise, Tangent Data Limited dans l'intention de le vendre comme produit commercial, mais le projet a été abandonné pour une raison ou une autre et la société a fermé. Les trois programmeurs impliqués (dont deux étaient partenaires dans la société) ont décidé de mettre sur le web un paquetage binaire lié statiquement avec Motif.

Je n'avais pas vraiment besoin d'un traitement de texte, mais la curiosité a eu raison de moi, surtout qu'il ne s'agissait que de télécharger un méga-octet et demi. Il n'a pas été difficile à installer (il suffit de le décompacter dans /usr/local) mais lorsque je l'ai lancé à partir d'une fenêtre rxvt, plusieurs secondes se sont passées sans aucune activité du disque. À l'évidence, le serveur de licence est encore automatiquement invoqué, mais, comme il n'y a aucun besoin de licence, cela met un peu de confusion dans le programme et le fige pendant un instant avant de le démarrer. Enfin, une petite fenêtre de contrôle apparu avec un bouton m'invitant à « ouvrir une fenêtre document ». J'essayai et la fenêtre s'ouvrit pendant une fraction de seconde avant de mourir sur une segmentation fault. D'accord... direction /dev/null, mais avant d'envoyer le répertoire aux oubliettes, je notai l'adresse e-mail où il fallait envoyer les commentaires et les rapports d'erreurs et postai les erreurs que j'avais obtenues. Quelques heures plus tard, j'eu une réponse de Tom Newton, l'un des développeurs, dans laquelle il m'informait qu'il avait reçu d'autres rapports similaires de la part d'utilisateurs utilisant un affichage 16 bpp (ce qui est mon cas). Le soir même, je reçu un autre message, qui avait été aussi envoyé aux autres utilisateurs Linux qui avaient écrit. Ce message indiquait que les tentatives de téléchargement de l'archive Maxwell avaient été si nombreux que le FAI avait été submergé et avait demandé que le fichier soit placé ailleurs. Avant de le mettre dans le répertoire incoming de Sunsite, les développeurs avaient corrigé le bug concernant l'affichage 16 bpp. Le message indiquait aussi que l'application pourrait finir par être placée sous licence GPL, avec le code source complet.

J'essayai donc à nouveau et, cette fois-ci, le programme démarra correctement. La fenêtre document est une interface de traitement de texte Motif typique, avec les barres de menu et de boutons habituels. Voici une capture écran :

5.2 Caractéristiques et limitations

J'utilise principalement du logiciel libre, et un aspect ennuyant que je trouve aux applications commerciales pour Linux est de négliger les utilitaires parfaitement fonctionnels que l'on trouve sur tous les systèmes Linux. Le programme ispell, par exemple, est un vérificateur d'orthographe éfficace facilement intégrable dans d'autres programmes. Malgré cela, les nombreux traitements de texte incluent leur propres dictionnaires et routines de vérification orthographique, ce qui est l'un des raisons de leur taille.

En regardant les fichiers de Maxwell, j'ai été intéressé de voir que, dans le répertoire des binaires, il n'y avait réellement que deux fichiers, l'exécutable principal et le gestionnaire de licence. Le reste des fichiers sont des liens symboliques vers file, ghostscript, lpr et ispell. Les développeurs connaissent à l'évidence Linux et n'ont pas vu de raison de réinventer plusieurs roues. J'imagine que l'économie réalisée dans le travail a aussi joué un rôle.

Les fontes sont aussi représentées par des liens symboliques vers quelques unes des fontes du répertoire /usr/X11R6/lib/X11/fonts/type1, chacune étant accompagnée d'un fichier .mfm, qui signifie « Maxwell Font Metrics ». Ces fichiers sont automatiquement générés par Maxwell lorsqu'il démarre et trouve de nouvelles fontes ou liens symboliques installés. Ajouter de nouvelles fontes n'est pas difficile (merci à Tom Newton pour cette information !), il suffit de faire un lien symbolique à partir de votre répertoire de fontes habituel (souvent /usr/X11R6/lib/X11/fonts) vers /usr/local/maxwell/fonts/Type1 et d'ajouter des entrées dans les fichiers fonts.scale et fonts.dir situés dans le même répertoire (ils sont installés comme liens symboliques, mais ils n'ont pas besoin de l'être).

Les liens symboliques peuvent devoir être modifiés afin d'activer le vérificateur orthographique. Un sous-répertoire, /usr/local/maxwell/dict, devra être créé s'il n'existe pas déjà et les différents fichiers *.hash utilisés par ispell doivent être liés ici (ils se trouvent souvent dans /usr/lib/ispell). Lorsque tout cela est correctement fait, une fenêtre de vérification orthographique peut être invoquée.

Maxwell sauvegarde les fichiers sous son propre format binaire qui est traduit en Postscript avant d'être envoyé à l'imprimante, mais tout filtre d'impression appelant ghostscript avec les options nécessaires devrait fonctionner ; ça marche chez moi. Un désavantage de cette approche est que la qualité d'impression dépend de la façon dont ghostscript gère votre imprimante? La format « Rich Text Format » (RTF) est aussi reconnu et ces fichiers peuvent être chargés par WordPerfect. Il semble exister des revendications, dans les forums Linux, concernant un traitement de texte pouvant charger et sauvegarder des fichiers au format MS-Word, mais Maxwell ne dispose pas de cette caractéristique. Les traitements de texte MS gèrent le RTF, il y a donc une possibilité d'échange de fichiers entre les applications MS et Maxwell.

Au début, je pensais que Maxwell utilisait ses propres routines pour le rendu des fontes plutôt que les services X natifs car les fontes variables sont affichées à l'écran sans les aspérités dont souffrent les applications X lorsque des fontes non bitmap sont utilisées. Le rendu est meilleur que cela, mais pas tout à fait aussi bon que les sorties de Gimp ou Ghostscript. Tom Newton (dans un message e-mail) m'a expliqué que Maxwell utilise les appels X natifs mais que de petites parties de textes sont traitées séparément avant que la position d'une nouvelle partie soit calculée.

C'est une caractéristique qui mérite d'être signalée ; elle n'a aucun effet sur la qualité d'impression mais rend le texte à l'écran plus lisible lorsqu'on utilise différentes tailles de caractères.

Certaines des caractéristiques, comme la création de tableaux et l'inclusion de graphiques, ont encore besoin d'être travaillées. Tenter d'inclure un fichier graphique dans un document fera planter Maxwell s'il tourne sur un affichage en 16 bpp. Des tableaux peuvent être insérés mais, bien que les champs changent de taille par eux-mêmes, je n'ai pas trouvé le moyen d'ajouter des espaces ou des bordures autour des champs.

La mise en page de base et le format des caractères est gérée exactement comme dans les autres traitements de texte, avec des fenêtres de dialogue ainsi que par menu et par la barre de boutons. En bref, la plupart des fonctions standard de traitement de texte fonctionnent bien, ce que l'on ne peut pas dire pour les différents projets de traitement de texte libre que j'ai essayé, sauf LyX, mais LyX est sui generis.

5.3 Conclusion

Il y a eu une absence remarquable de commentaires sur Maxwell de la part de la communauté Linux, eu égard au nombre de fois où les prières pour un traitement de texte libre se répètent. Je soupçonne que beaucoup de personnes l'ont téléchargé, pensé qu'il ne fonctionnait pas avec un affichage 16 bpp (dans sa version initiale), et abandonné. Comme je le faisais remarquer auparavant, ce problème a été réglé et la version actuelle est plus qu'un essai. Si le source était fourni sous licence GPL, je suis sûr que l'intérêt grandirait et que des améliorations apparaîtraient.

Après que la presque totalité de cet article ait été écrite, une troisième version (0.5.2) à été placée sur Sunsite. Quelques bugs ont été corrigés et le gestionnaire de licence a été ôté, le démarrage est donc plus rapide. Selon Tom Newton, qui a réalisé ces versions, il s'agit de la dernière version binaire. Si le source n'est pas distribué, Maxwell sombrera probablement dans l'oubli.

Quel est donc le destin de Maxwell ? Les deux partenaires initiaux de Tangent Data possèdent les droits et n'ont pas décidé qu'en faire. Une possibilité de status GPL a été mentionnée et pourrait être intéressante et utile pour nous tous. Une possibilité serait de distribuer le source de la version actuelle et de vendre des plug-ins ou des modules qui ajouteraient des caractéristiques telles que des filtres supplémentaires pour les échanges de fichiers. Le support pourrait aussi être un service payant. Cette approche a été développée pour Gimp par la nouvelle société WilberWorks.

Même si le source n'est pas mis à disposition, Maxwell est utilisable dans sa version actuelle pour un traitement de texte de base. Il permet de combler le fossé existant actuellement entre les éditeurs de texte et les grosses applications comme StarOffice, Applix, et WordPerfect.


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Copyright © 1998, Larry Ayers - Publié dans le n°27 de la Linux Gazette

Adaptation Française : Éric Jacoboni