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4. Linux et la ruée vers l'or informatique.

Par Alolita Sharma et Bob Adkins

La ruée vers l'or de 1848, en Californie, a eu des retombées très positives sur cet état. Linux promet une telle manne pour le monde du logiciel en général. C'est d'abord, pour ses acteurs, un moyen rapide de réaliser de substantielles économies : une station Linux, sur un PC performant mais à bas prix, peut rivaliser avec des solutions proposées par Microsoft, IBM, Sun et HP. De plus, de même que l'apport massif d'or a enrichi le gouvernement américain, ce qui lui a permis de financer des projets de grande ampleur, Linux, en invitant un grand nombre de gens à s'intéresser au développement du noyau, à la couche réseau, la programmation d'un OS en temps réel... donne un élan à la production de nouveaux logiciels. Les pionniers se sont installés dans le territoire de la programmation, et ils y sont pour longtemps.

De même que l'enrichissement de la Californie a profité indirectement à tout le pays, Linux est une fondation économique sur laquelle on peut bâtir des projets à grande échelle, qui profitent de son amélioration. Les OS commerciaux, en imposant généralement des licences à l'unité, sont une entrave, même aux États-Unis, aux projets nécessitant de rassembler un grand nombre de machines, que ce soit pour créer des super-calculateurs ou pour réaliser le film Titanic. De même, la maintenance est plus facile, puisque les sources sont libres. L'OS est mis à jour fréquemment, il n'est pas question d'attendre une mise à jour massive regroupant plusieurs petits détails. De plus, il n'y a pas de risque d'être définitivement bloqué en cas de défaillance de l'éditeur.

Plusieurs projets de grande envergure sont le fruit de la collaboration entre logiciel libre et OS propriétaire. Ainsi le service météorologique américain a écrit un système libre de prévision du temps, tournant sur un système HP. Les coûts de déploiement de ce système sur de coûteuses stations HP dans tout les pays seraient prohibitifs, mais avec un peu d'effort, le portage vers Linux peut se faire, malgré quelques difficultés (ordre des bits, optimisation pour le compilateur HP...), ce qui permet d'utiliser un produit de haute technologie comme celui-ci sur des machines peu coûteuses, sans frais de licences, partout où l'on peut obtenir les données météorologiques dont le logiciel à besoin.

La fabrication de matériel bénéficie aussi de l'essor de Linux. On peut construire autant d'exemplaires d'un produit que l'on veut sans investir dans des licences. C'est le cas en particulier pour les racks de modems, comme Webramp, où les agendas électroniques sous Linux, les pare-feu pour Intranet... Linux est aussi particulièrement adapté pour le matériel pilotable à distance, par le Web par exemple. En somme, les fabricants sont libérés de leur dépendance vis-à-vis de l'éditeur du logiciel, réalisent des économies sur plusieurs points, et sont invités à partager les nouvelles technologies, pour le plus grand bénéfice de tous.

Les développeurs qui se basent sur des programmes en GPL peuvent-ils conserver leurs droit de propriété intellectuelle ? S'ils réutilisent des morceaux de code en GPL, ils sont tenus de fournir à leur tour les sources. Si cela pose un problème, le développeur peut toujours utiliser des libraires dynamiques exclusivement, ce qui le libère des contraintes de la GPL. Sinon, plusieurs autres types de licences existent, et il pourrait se tourner vers les produits de type FreeBSD, par exemple. La rétention d'information va toutefois un peu à l'encontre des principes défendus par le logiciel libre. Il est tout à fait possible de réussir financièrement autour du logiciel libre. Ainsi, RedHat se différencie de ses concurrent par un emballage, des outils d'installation et de configuration, et surtout du service. Les projets à grande échelle surtout peuvent profiter du modèle de développement libre, puisqu'en général, le client attends un suivi et une maintenance du produit, à long terme. Quand l'intégralité du code source est disponible, la durée de vie et sa stabilité sont toutes deux augmentées.

Le monde du logiciel est plein de talents divers, dont la richesse cumulée est certainement plus importante que celle que peut amasser seule une entreprise, que ce soit Microsoft, IBM, Sun, HP... Plus Linux gagne en popularité, plus la somme des talents qui y travaille est grande, plus il s'améliore et devient une plate-forme efficace pour les logiciels.

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Copyright © 1999, Alolita Sharma et Bob Adkins

Publié dans le numéro 37 de la Linux Gazette, février 1999

Adaptation française : Marc Simon.


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