Copyright © 2003 Willy Smith
Encore et toujours, j'entends répéter autour de moi qu'il suffit d'utiliser la traditionnelle séquence « configure, make, make install » pour faire fonctionner un programme. Malheureusement, la plupart des personnes qui utilisent des ordinateurs aujourd'hui n'ont jamais fait appel à un compilateur ou écrit une ligne de code de programme. Avec l'avènement des interfaces utilisateur et des générateurs d'applications graphiques, de nombreux programmeurs de premier ordre n'ont jamais effectué ces opérations.
Il s'agit d'un processus en trois étapes dont chacune utilisera un grand nombre de programmes afin d'en faire fonctionner un nouveau. L'utilisation de la commande configure est relativement récente par rapport à celle de make. Toutefois, chaque étape a un objectif distinct. Je vais commencer par expliquer les deuxième et troisième étapes, puis je reviendrai sur configure.
La commande make fait partie intégrante de l'histoire d'Unix. Elle a été conçue afin de réduire la nécessité, pour un programmeur, de mémoriser des informations. Je suppose que c'est surtout une façon élégante de dire qu'elle réduit les contraintes de documentation du programmeur. Quoi qu'il en soit, l'idée est que si vous établissez un ensemble de règles pour créer un programme dans un format que make comprend, vous n'avez plus besoin de les garder en mémoire ensuite.
Pour faciliter encore les choses, make comporte un ensemble de règles intégrées auxquelles il ne vous reste à indiquer que les nouveaux éléments dont make a besoin pour compiler votre utilitaire. Par exemple, si vous saisissez make aimer, make commence par rechercher de nouvelles règles que vous auriez ajoutées. Si vous n'en avez fourni aucune, make effectue une recherche dans ses règles intégrées. L'une de ces dernières indique à make qu'il peut lancer l'éditeur de liens (ld) sur un nom de fichier se terminant par .o pour produire le programme exécutable.
Ainsi, la commande make commence par rechercher un fichier nommé aimer.o. Mais elle ne s'arrête pas là. Même si elle trouve le fichier .o, elle comporte d'autres règles lui demandant de s'assurer que le fichier .o est à jour. En d'autres termes, plus récent que le programme source. D'une façon générale, le programme source sur les systèmes Linux est écrit en langage C et son nom de fichier se termine par .c.
Si la commande make trouve le fichier .c (aimer.c dans notre exemple) ainsi que le fichier .o, elle vérifie leurs horodatages respectifs pour s'assurer que le .o est plus récent. Dans le cas contraire ou si o. n'existe pas, elle utilise une autre règle intégrée pour construire un nouveau .o à partir du .c (à l'aide du compilateur C). Le même type de situation se reproduit pour d'autres langages de programmation. Dans tous les cas, le résultat final est que lorsque make a terminé (partant de l'hypothèse qu'elle peut trouver tous les éléments nécessaires), l'exécutable est construit et à jour.
À propos, la traditionnelle plaisanterie UNIX sur le sujet est la réponse que les premières versions de make donnaient quand elles ne trouvaient pas les fichiers nécessaires. Dans l'exemple ci-dessus, s'il n'y avait aucun fichier aimer.o, aimer.c ou tout autre format source, le programme aurait répondu :
make : don't know how to make aimer. Stop. |
Revenons à nos préoccupations, le fichier par défaut pour enregistrer des règles complémentaires dans le Makefile contenu dans le répertoire actuel. Si vous avez certains fichiers sources d'un programme et s'il y a parmi eux un fichier Makefile, jetez-y un coup d'½il. C'est simplement du texte. Les lignes qui comportent un mot suivi d'un point-virgule sont des cibles : ce sont des mots que vous pouvez saisir à la suite de la commande make pour lui faire faire différentes tâches. Si vous saisissez simplement make sans aucune cible, c'est la première cible qui sera exécutée.
Ce que, selon toute probabilité, vous trouverez au début de la plupart des fichiers Makefile ressemble à des instructions d'affectation. Il s'agit de lignes comportant deux champs séparés par un signe égal. Et, ô surprise, ce sont effectivement des instructions d'affectation qui attribuent des valeurs à des variables internes de make. Parmi les variables qu'il est généralement nécessaire de renseigner, il y a l'emplacement du compilateur C (oui, il y a une valeur par défaut), les numéros de version du programme, etc.
Tout ceci nous ramène à configure. Sur d'autres systèmes, le compilateur C se trouvera à un autre endroit, vous utiliserez ZSH comme shell au lieu de BASH, le programme pourra avoir besoin de connaître votre nom d'hôte, avoir à utiliser une bibliothèque dbm et avoir besoin de savoir si le système comporte gdbm ou ndbm, et quantité d'autres choses encore. Auparavant, tout ce travail de configuration s'effectuait en éditant le fichier Makefile. Une tâche de plus pour le programmeur impliquant de surcroît que, à chaque installation d'un logiciel sur un nouveau système, il fallait faire un inventaire complet de tout ce qui s'y trouvait.
À mesure que de plus en plus de logiciels devenaient disponibles et que de plus en plus de plates-formes conformes à la norme POSIX apparaissaient, cette opération est devenue de plus en plus difficile. Et c'est là où la commande configure entre en scène. Il s'agit d'un script shell (généralement écrit par Autoconf de GNU) qui s'exécute, recherche les éléments logiciels et effectue même divers essais pour savoir ce qui fonctionne. Il prend ensuite ses instructions dans Makefile.in et construit le fichier Makefile (et éventuellement quelques autres fichiers) qui fonctionnera correctement sur ce système.
Maintenant que nous avons terminé les présentations, rassemblons toutes les éléments pour avoir une vue d'ensemble :
Exécutez configure (vous devrez en général saisir ./configure car la plupart des utilisateurs n'ont pas le répertoire en cours dans leur chemin de recherche). Cette commande construit un nouveau fichier Makefile.
Saisissez ensuite make. Cette commande construit le programme. Autrement dit, make s'exécute, recherche la première cible dans le fichier Makefile et obéit aux instructions indiquées. Le résultat final attendu est la construction d'un programme exécutable.
Maintenant, en tant que root, saisissez make install. Cette commande invoque à nouveau make, qui recherche la cible install dans le Makefile et suit les instructions pour installer le programme.
Il s'agit là d'une explication très simplifiée mais qui, dans la plupart des cas, représente ce que vous devez savoir. La plupart des programmes comportent un fichier nommé INSTALL contenant des instructions d'installation qui vous informent d'autres considérations. Par exemple, il est courant de fournir certaines options à la commande configure pour lui faire changer l'emplacement final du programme exécutable. D'autres cibles pour make existent également, telles que clean qui supprime les fichiers inutiles après une installation et test qui, dans certains cas, vous permet de tester le logiciel entre les étapes make et make install.
Copyright © 2003, Willy Smith.
Copying license http://www.linuxgazette.com/copying.html
Paru dans le n°97 de la Linux Gazette de décembre 2003.
Traduction française par Sandrine Burriel <girlgeek CHEZ free POINT fr>
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Relecture de la traduction française par Joëlle Cornavin <jcornavi CHEZ club TIRET internet POINT fr>
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