Récit de trois conférences

Gazette Linux n°114 — Mai 2005

Howard Dyckoff

Article paru dans le n°114 de la Gazette Linux de mai 2005.

Traduction française par Deny .

Relecture de la traduction française par Joëlle Cornavin .

Article publié sous Open Publication License. La Linux Gazette n'est ni produite, ni sponsorisée, ni avalisée par notre hébergeur principal, SSC, Inc.


  1. Software Development West 2005, Santa Clara Convention Center

  2. Open Source Business Conference (OSBC), Westin St. Francis, San Francisco

  3. MySQL User Conference, Santa Clara Convention Center

Trois conférences importantes en mars et avril ont mis en évidence un changement de tendance dans notre secteur d'activité. Deux d'entre elles s'adressaient aux informaticiens, tandis que la troisième concernait les dirigeants du secteur informatique et les capital-risqueurs chaussés de Gucci®.

Le changement de tendance concerne la méthodologie des groupes de développement — et cela tient en partie à l'acceptation croissante des logiciels Open Source (OSSw). Du fait qu'OSSw fait appel à la collaboration de nombreux contributeurs individuels de tous horizons, le TDD (Test Driven Development, développement piloté par les tests) est une étoile montante dans le monde du développement.

Les experts en conception de logiciels et technique de programmation encensent à présent le TDD, lui trouvant d'étroites complémentarités avec d'autres écoles pratiquant les meilleures méthodes de développement. Beaucoup d'experts, dont certains à contrec½ur, louent maintenant le TDD car les disciplines qu'ils ont préconisées pendant des années « ne font que découler » de la pratique qui consiste à coder des cas de test en premier lieu ou en parallèle avec chaque module. Des outils comme JUnit — disponibles librement et Open Source — accentuent cette tendance.

Nous savons tous que nous devrions faire notre travail de Conception de façon directe, que nous devrions coder dans de petits modules pour encourager la réutilisation du code et que les méthodes de programmation Agile et XP préconisent un codage par étapes courtes et fréquentes, qu'il est également nécessaire de réusiner régulièrement le code et les tests de performances pendant le développement... Il est intéressant que le TDD respecte tous ces aspects et d'autres meilleures pratiques sans avoir à faire appel à de nombreuses classes et en s'épargnant la lecture d'une demi-douzaine de manuels. TDD Just Works®.

Premièrement, il devrait toujours y avoir un cas de test pour chaque bout de code. Deuxièmement, écrire des cas de test pousse la réflexion sur la conception du logiciel. Troisièmement, un code fonctionnel est obtenu à chaque fin d'unité. Et quatrièmement, en accord avec la politique d'OSSw, les principaux bogues sont détectes rapidement et fixés pendant la période de développement. Il peut exister des variations de styles entre XP et TDD — mais il y a plus de points communs que de différences.

Le nouvel ennui avec OSSw est que de nouvelles applications — et de nouvelles entreprises — voient monter leur cote. Une société comme Google® ne passe pas tout son temps à simplement peaufiner ses serveurs web ; il suffit de jeter un coup d'½il à Google Maps et ses images par satellite. Il repose sur du matériel et des logiciels standard qui sont à la base d'applications totalement nouvelles. Et ce logiciel standard est devenu toujours plus dépendant de l'Open Source.

En fait, il ne s'agit pas pas seulement du logiciel lui-même : c'est le bénéfice de ce logiciel qu'en retire un utilisateur ou une entreprise. Google®, Yahoo® eteBay® fournissent des services à des utilisateurs, et la valeur de ces services les conduisent vers leurs sites web. Mais ce n'est pas le matériel ou le système d'exploitation sous-jacent qui améliore nécessairement ces services, mais la manière dont les développeurs influencent les plates-formes sous-jacentes en terme d'innovation et de création.

TDD et OSSw ont un point commun, un havre propice où les développeurs tirent profit d'outils et de méthodologies novatrices qui leur laissent plus de temps pour pouvoir passer à l'étape suivante — qui sera, naturellement, totalement impressionnante et stupéfiante, sinon tant pis pour ce Brave New World. Dans l'un ou l'autre cas, il est réconfortant que Linux et ses cousins d'OSSw y prennent part.

Les théoriciens de la conspiration spéculeront sur la coïncidence du soudain changement d'enseigne de l'hôtel Santa Clara Convention Center, à l'origine un DoubleTree® et devenant un Westin®. Cela signifie-t-il que Westin® est la chaîne de prédilection des gourous de la technologie ? Ou la Mecque de l'Open Source ? Je ne pense pas.

À l'OSBC (Open Source Business Conference ), les vedettes étaient les visionnaires, les hommes d'affaires et les capital-risqueurs. Les petites sociétés cherchaient du financement, les grandes testaient les logiciels Open Source, le modèle du logiciel libre, le support financier était affiné et prolongé dans une écosphère de sociétés et de communautés de développement en corrélation.

À la MySQL User Conference [j'emploierai l'acronyme MUC à l'occasion], cependant, le centre d'intérêt était différent : les têtes d'affiche étaient les développeurs Open Source, dont un grand nombre fait maintenant partie d'une société bien installée, en pleine expansion, MySQL AB®. Comme toutes ces personnes venaient de plus de 40 pays, ce fut un moment très festif.

Cette année, la MySQL User Conference était organisée par O'Reilly Media®. On y trouvait des exposés intéressants et pointus — et les participants furent également encouragés à se rendre à la Web 2.0 Conference de O'Reilly® à San Fransisco cet automne.

Les sessions techniques ne duraient que 50 minutes avec des pauses de 30 minutes, voire plus, toutes les deux sessions et même les tutoriels du lundi ne dépassaient pas 3 heures. Les sessions alternaient rapidement, avec souvent peu de temps pour les Questions & Réponses. En revanche, à la conférence Software Development West, les séances duraient presque deux fois plus avec 90 minutes et quelques ateliers sur la sécurité couvraient deux sessions dans la même salle. J'ai opté pour les sessions longues, parce que cela permettait aux participants de partir si le contenu ou la présentation ne répondait pas a leurs attentes.

La nourriture à la MUC était de style banquet d'hôtel et l'équipe d'O'Reilly® fournissait un manuel à chaque participant de la conférence [au moins, les premiers inscrits.] Cela tranche avec la pénurie de livres et de sandwichs à la OSBC et à la SD West. La différence peut s'expliquer dans le fait que O'Reilly® et MySQL AB® considéraient les participants comme des clients ou même des auteurs en puissance, et les courtisaient d'autant plus.

Une autre différence fut l'approche à l'accès à Internet. À la SD West, il y a avait un nombre limité de machines connectées à Internet pour gérer le courrier électronique — mais à l'OSBC et la MUC, il n'y en avait aucune. Il semblait admis que presque tout le monde disposait d'un ordinateur portable personnel ou d'un pocket PC et que les organisateurs de la conférence ne devaient fournir qu'un accès sans fil. Nous constaterons probablement encore cette politique comme un moyen de réduire les coûts des conférences, mieux vaut donc se préparer à se rendre aux conférences avec son propre matériel.

Chacune des conférences a ses inconditionnels qui reviennent d'année en année [ce qui était moins le cas pour l'OSBC qui n'en était seulement à sa deuxième année]. Cependant, des conversations informelles ont montré un très haut niveau de satisfaction à propos de la MySQL User Conference. Ce peut être en partie dû en partie à la rigueur des thèmes abordés et au niveau technique clair des sessions. La convivialité de la communauté qui a émergé autour de MySQL y a aussi sa part.

Pour en savoir plus sur chaque conférence et ses moments clés, visitez les sites suivants :

Software Development West 2005, Santa Clara Convention Center

Open Source Business Conference (OSBC), Westin St. Francis, San Francisco

MySQL User Conference, Santa Clara Convention Center

Howard Dyckoff est un professionnel confirmé des technologies de l'information, avec une première expérience à Fortune 100 and 200 firms. Avant de faire carrière dans les technologies de l'information, il a travaillé pour les magazines Aviation Week® et Space Technology®. Auparavant, il a été le responsable d'édition de SkyCom®, un bulletin à l'intention des astronomes et amateurs de fusées. Il est originaire de la Republic of Brooklyn [et du Polytechnic Institute] et maintenant, après plusieurs expéditions vers les sommets de l'Himalaya, il réside dans la baie de San Fransisco avec une riche bibliothèque et quelques-unes de ses roches favorites.