Ubuntu, un OS pour l'informatique en nuage

Gazette Linux n°185 — avril 2011

Gaël Montreuil

Adaptation française  

Article paru dans le n°185 de la Gazette Linux d'avril 2011.

Cet article est publié selon les termes de la Open Publication License. La Linux Gazette n'est ni produite, ni sponsorisée, ni avalisée par notre hébergeur principal, SSC, Inc.


Table des matières

À propos de l'auteur

Nous avons fait une petite tempête de communiqués récemment, toutes en rapport avec l'informatique en nuage [1]. Je pense qu'il pourrait être utile d'exposer le contexte dans lequel Ubuntu et l'informatique en nuage s'inscrivent et de clarifier notre état d'avancement sur cet élément stratégique critique pour notre SE [2] adoré.

Commençons par les communiqués. Nous avons annoncé la sortie d'Ubuntu Enterprise Cloud[3] pour les serveurs Dell. Cela constitue une avancée déterminante dans le domaine des offres d'informatique en nuage internes. Il s'agissait essentiellement de formaliser beaucoup du travail sur mesure qu'a effectué Dell dans de très importantes centres de données (fonctionnant avec divers SE) et de rendre disponible pour des déploiements plus réduits une technologie similaire. Nous avons assisté au sommet des ventes de Dell à Las Vegas et nous avons été encouragés à rencontrer beaucoup des commerciaux de Dell dont la tâche sera d'apporter cette technologie à leur clients. C'est une grosse entreprise, qui soutient une technologie d'avant garde et qui encourage les entreprises à démarrer leur essai de l'informatique en nuage de façon très concrète.

Plus ou moins simultanément, nous avons fait état de notre soutien au projet Openstack et de l'intégration de leur mouture Bexar dans notre prochaine version d'Ubuntu, la 11.04. Il faut mentionner qu'elle vient en complément d'Eucalyptus. Eucalyptus se trouve au cœur de l'UEC, et il en restera ainsi dans Ubuntu 11.04, comme cela l'est depuis la 9.04. L'inclusion de deux piles a provoqué quelques froncements de sourcils, mais cela n'est pas inhabituel pour Ubuntu. Même si nous sommes en quête de la meilleure technologie à intégrer à notre plate-forme afin de proposer la meilleure expérience possible à l'utilisateur, nous voulons également nous assurer que les utilisateurs aient accès au meilleur et au plus récent parmi les logiciels libres open-source. A la vitesse où l'informatique en nuage évolue, la fréquence de sorties de 6 mois d'Ubuntu signifie que nous sommes capables de mettre à leur disposition les outils et programmes que veulent les développeurs et les administrateurs avant tous les autres SE.

Ce sont les utilisateurs qui, en dernier lieu, décideront quel schéma de développement leur convient le mieux. Il est indéniable que Eucalyptus à l'heure actuelle a l'avantage de la maturité, surtout pour la mise en place de nuages internes. Openstack, parallèlement, continue à se concentrer sur les implémentations rapides de fonctions, et, en raison de ses origines, séduira les prestataires de services qui souhaitent mettre en place leur propre nuage publique. Où que la technologie soit déployée, que ce soit en entreprise ou pour les nuages publiques, nous souhaitons qu'Ubuntu soit l'infrastructure sous-jacente à tous ces scénarios et nous continueront à faire en sorte que nos équipes produisent les solutions les plus étroitement intégrées possibles.

En dernier lieux, notre partenaire, Autonomic Ressource, a annoncé que l'UEC était désormais disponible à la vente pour le gouvernement fédéral américain. Cela constitue une étape significative pour ce qui concerne les déploiements fédéraux, comme toute personne connaissant les cycles d'achats du gouvernement le comprendra. Mais cela est un bon exemple des environnements sur-mesure que nous allons rencontrer de plus en plus — Ubuntu étant le dénominateur commun au cœur de ceux-ci.

Ceci suscite une question intéressante: Comment se fait-il qu'Ubuntu soit au cœur de l'informatique en nuage? Peut être faut-il examiner plus de preuves avant de considérer la théorie. En plus d'être le SE à la base des nouvelles infrastructures d'infonuagique, nous assistons à une part massive d'usage d'Ubuntu comme client sur les gros nuages publiques, tels AWS et Rackspace, par exemple. C'est probablement le SE le plus répandu dans ces environnements et d'autres. Interrogez votre vendeur pour confirmation :-)

Pourquoi alors ce SE, que la plupart des vendeurs du domaine qualifieraient de marginal, connaît-t''-il un tel succès dans cette vague (hyper) moderne de l'informatique? Eh bien il y a pléthore de raisons, telles la modularité, l'empreinte, la maintenance d'image, etc. Mais d'autres l'expliquent mieux que moi.

Je crois que la raison de la prééminence d'Ubuntu est qu'il est l'innovation rendue facile. Se lancer et entreprendre avec Ubuntu est une expérience sans friction. Nous rencontrons de plus en plus d'entrepreneurs high-tech qui nous racontent comment ils ont mis en place plus d'une entreprise avec Ubuntu sur le nuage. L'élimination des coûts de licence et des restrictions permet aux gens d'entrer rapidement sur le marché.

Mais il ne s'agit pas seulement d'être rapide, mais de réduire le risque. Maintenant que l'open-source est solidement ancré dans les technologies de l'information, et alors que le terme «open» est utilisé à tort et à travers, on oublierait facilement que l'économie bénéficie des logiciels vraiment libres et open-source. L'association de l'informatique en nuage, où la dimension importe, et de l'open-source va de soit et c'est pourquoi Ubuntu est la solution pour ceux qui veulent l'assurance de pouvoir à la fois redimensionner rapidement mais aussi s'affranchir des limitations des vendeurs sur le long terme.

Plus spécifiquement, et cela nous ramène à notre communiqué, il y a des scénarios évidents d'utilisateurs atteignant une limite où même le modèle économique d'un nuage publique bâti sur du logiciel libre commence à s'effondrer. A partir d'un certain stade il est simplement moins cher de faire l'investissement en matériel afin de monter votre propre infrastructure de nuage. Alternativement les raisons pour vouloir un nuage tournant sur ses serveurs internes peuvent être liées au contrôle, à la culture, ou autre.

Le travail réalisé avec Openstack et Eucalyptus fait d'Ubuntu l'infrastructure idéale pour construire son nuage. Cela sera typiquement adapté à un nuage interne mais pourra également être la base d'un nouveau nuage public. Le type de SE client est indifférent et dans tous les cas nous continuons à supporter l'API[4] dominante Amazon EC2, pour garantir la portabilité pour ceux qui programment des applications.

Et comme nous l'avons vu, Ubuntu est le SE ultime pour accéder à un nuage ou le construire. Personne d'autre n'offre une telle rapidité de mise à jour d'image sur les plate-formes publiques les plus populaires. Notre effort à nous assurer de la compatibilité aux standards les plus usités signifie que les clients fonctionneront aussi bien sur un nuage UEC quel que soit sa forme: interne ou externe pour le cloud provisioning.

En fin de compte la technologie fait bouger les marchés. L'économie aussi, à plus forte raison. Ubuntu arrive à point nommé dans sa courte histoire dans les technologies de l'information pour surfer sur les deux vagues. C'est énorme, les standards émergent et Ubuntu offre la meilleure possibilité de réponse à la question d'exploiter son nuage ou d'externaliser sur un nuage mieux que par n'importe quel autre SE — open-source ou pas.



[1] NdT: également appelée en français infonuagique, si l'on ne conserve pas le terme anglais

[2] NdT: ou OS, système d'exploitation

[3] Ubuntu Enterprise Cloud, Infonuagique Ubuntu d'Entreprise

[4] NdT: Application Programming Interface, Interface de Programmation d'Application

À propos de l'auteur

Neil Levine

Neil est vice président, service aux entreprises chez Canonical

Cela fait 15 ans que Neil travaille dans l'industrie d'Internet et des télécommunications. Avant de rejoindre Canonical en 2009, il travaillait chez Claranet où, en tant que directeur de la technologie, il a aidé l'expansion de l'entreprise d'une entreprise de 15 employé avec un seul bureau à une entreprise de 650 employés opérant dans neuf pays. Avant d'être à Claranet, Neil a été administrateur système chez Easynet PLC et COLT Telecom PLC, chez lesquels il était avocat passionné du logiciel libre et open-source. Neil possède un Master en Sciences Politiques de l'université de Columbia et une licence en économie de l'University College de Londres. Neil déclare que « Le potentiel d'Ubuntu signifie que travailler chez Canonical vous donne l'opportunité de travailler avec quelques-uns des meilleurs ingénieurs du monde et avec des technologies de pointe. Chaque jour apporte des défis intellectuels incroyables et la possibilité de changer la façon dans les gens utilisent les ordinateurs ».

Adaptation française de la Gazette Linux

L'adaptation française de ce document a été réalisée dans le cadre du Projet de traduction de la Gazette Linux.

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