Par J. W. Pennington jwp@awod.com
Que la majorité d'entre nous continue à ne pas prendre en compte les alternatives possibles à la compétition prouve que notre socialisation n'est pas aussi profitable qu'elle pourrait l'être. -- Alfie Khon.
Il s'agit du deuxième article d'une série explorant la philosophie du Logiciel Libre. Le premier, intitulé The Beauty of Doubt (La Beauté du Doute, cet article n'a pas été traduit -- NdT) et publié dans la Linux Gazette de février 1999, traitait du concept de doute et discutait l'improbabilité que de bons logiciels puissent être développés si personne n'est capable de douter du bon fonctionnement théorique d'un code ou que celui-ci puisse être parfait. L'arrogance voulant qu'un produit final ne soit pas améliorable est quelque chose de rare, même si elle existe, dans la communauté du logiciel libre (Free Software Community, FSC). Cela permet d'avoir les améliorations continuelles que nous constatons tous, et des réactions rapides en cas de problèmes.
Dans cet article, je parle de la concurrence et de la compétition avec l'intention de montrer la nécessité pour la FSC d'une coopération afin d'exister/de réussir. A nouveau, je signale au lecteur que je suis d'abord un anthropologiste et que j'ai peu d'expérience dans l'écriture d'un article technique. Celui-ci est écrit de manière vraiment théorique et raisonnée (si je peux utiliser ce mot). J'ai écrit une grande partie sur l'argumentation concurrence/coopération et en gardant pour la fin leur association avec la FSC. Je ne l'ai pas fait pour prêcher (humm, peut-être un peu ...) ou ennuyer le lecteur mais pour présenter autant que possible toute l'argumentation dans l'espace le plus petit possible.
N.B. : Je tiens à prévenir le lecteur que cet article est un peu rétrograde et franc. Je ne l'ai pas écrit de cette manière pour effrayer le lecteur ou réveiller d'autres émotions chez lui. Je l'ai simplement fait pour souligner ce problème quelque peu insidieux. Je m'excuse d'avance pour les hurlements et les hauts-le-coeur. Ceci étant dit, et avant que je commence la discussion de ce mois-ci, j'aimerai éclaircir certains questions. J'ai reçu un grand nombre de courriers électroniques au sujet du précédent article. La plupart étaient positifs, et je remercie tous ceux qui me les ont envoyés. Certains étaient critiques, et je les remercie aussi vraiment. Je désire que toute la discussion soit ouverte et ce serait, véritablement, une absurdité de ma part que d'inciter à l'humilité tout en refusant d'accepter les failles, les contradictions et les erreurs de mes idées. Pour cette raison, j'aimerais revenir sur deux points importants qui ont été soulevés dans de nombreux courriers critiques. Afin que le texte reste compréhensible à tous, je les ai toutefois placés dans une autre section. J'espère que cela facilitera la lecture à ceux qui ne sont pas concernés par ces critiques, mais que ce ne sera pas non plus trop difficile pour les autres. Je conseille fortement aux personnes pour lesquelles la Communauté du Logiciel Libre ou Linux sont des choses nouvelles, de lire cette section puisque des points importants y sont soulevés. Je me contenterai de dire ici que je ne suis pas le porte-parole officiel du Mouvement du Logiciel Libre (Free Software Movement), et que ce n'est que ma propre opinion. Pour connaître les opinions officielles et la philosophie de la fondation GNU, visitez leur site internet à l'adresse suivante : http://www.gnu.org/.
Afin de condamner, convenablement, le concept de compétition (ce qui, honnêtement, est mon intention) et de démontrer l'avantage de la coopération, je dois, tout d'abord, prendre le temps de définir et d'expliquer ces deux idées opposées. La Compétition, techniquement, consiste à s'efforcer de surpasser quelqu'un d'autre. Autrement dit, il s'agit d'une tentative pour accomplir quelque chose aux dépens des autres, ou de manière à rendre impossible pour quelqu'un d'autre d'accomplir la même chose. La plus directe et la plus désagréable manière de le dire est que ma réussite nécessite votre échec. C'est ce que Alfie Kohn appelle Réalisation d'un objectif mutuellement exclusif, [Mutually Exclusive Goal Attainment, MEGA] [1]. De cette manière, l'idée de compétition n'apparaît pas aussi saine qu'elle semblait l'être. Il s'agit d'essayer de faire spécifiquement quelque chose pour que les autres ne le puissent pas. C'est être meilleur (souvent à n'importe quel prix) que l'autre. C'est en se prouvant à soi-même, si ce n'est aux autres, que le monde est indigne d'eux -- ne serait-ce que dans une circonstance particulière. C'est constant, c'est persuasif, c'est la mentalité américaine.
D'accord, je le reformule : c'est la mentalité occidentale. Il faut chercher loin pour trouver une culture qui en fasse plus que ce que nous faisons. Nous avons trouvé des moyens d'être en concurrence qui sont vraiment incroyables, incluant des honneurs douteux tels que : "Celui qui peut avaler la plus grande quantité de viande hachée, le plus rapidemment possible", ou bien le bon vieux concours du "plus grand nombre de hot-dog mangés". Nous entrons en compétition pour n'importe quoi : le plus de ventes pour un mois donné, les ailes de poulets les plus épicées (Je suis de Buffalo, pas de blague), la voiture la plus rapide, même les plus gros seins et les shorts les plus courts. Les concours de beauté, de taille, de vitesse, de notoriété à n'en plus finir, existent dans la culture moderne, et ce n'est pas moins vrai dans le monde du logiciel.
La plupart des entreprises, ainsi que nos sociétés de logiciels bien-aimées, dépensent littéralement des millards de dollards à essayer d'évincer du marché les autres sociétés. En vendant leurs logiciels à des "prix compétitifs" et en essayant de prouver que le travail de leurs rivaux ne vaut rien, les entreprises sont en concurrence pour la "position du produit", le "positionnement compétitif", le "partage du marché" ou nombres d'obscures euphémismes, tous signifiant "vendre nos produits" et impliquant "les leurs ne doivent pas être vendus". Il existe une forte habitude sous-jacente d'avidité, d'espionnage, de malhonnêteté et d'hostilité dans ces efforts, et nombreux sont ceux qui comprendront que je ne suis pas paranoïaque lorsque je l'écris. Les entreprises sont souvent forcées d'entasser certains logiciels/matériels pour ne pas risquer de perdre un marché, de payer des prix scandaleux (lisez : excellents), ou d'autres choses de ce genre. Sans donner de nom, certains magazines et des journaux de la presse informatique sont, littéralement, payés pour ne pas faire de publicités pour les produits de diverses sociétés, pour ne pas donner les options ou les informations nécessaires pour prendre en considération un produit concurrent. Ce n'est pas seulement la société rivale qui perd dans cette compétition. Dans ce cas, nous sommes tous perdants.
Diamétralement opposé à ceci, il y a la Coopération. Il s'agit, littéralement, de travailler ensemble dans un but ou avec un motif commun. Plus largement, c'est l'action d'aider un autre à poursuivre un objectif aussi bien que de promouvoir la réalisation d'un objectif que vous poursuivez. En d'autres mots, je n'essayerai pas de réaliser la même chose que vous, mais en me remerciement de mon aide, vous pourrez aussi bien faire avancer ma cause. Le facteur le plus positif dans les efforts coopératifs est leur capacité à assurer un succès mutuellement dépendant. Si, grâce à mon aide, vous pouvez faire avancer vos objectifs, alors je deviens pleinement concerné par votre réussite et vous par la mienne. Si vous échouez, j'échoue. Les bénéfices de la coopération, quand elle est établie indépendemment de la culture, sont extrèmement clairs. Cependant, ils sont souvent oubliés ou ignorés quand la compétition nous met ses très efficaces oeuillères.
Quand tous, exceptés les plus cynique d'entre nous, pensent à la compétition, plusieurs idées nous viennent à l'esprit. La réussite des pioniers d'Amérique, le baseball et les Yankees (ou bien l'équipe que vous encouragez), la victoire de la Seconde Guerre Mondiale, les possibilités sont innombrables. Toutes ces pensées ont en commun de glorifier les gagnants qui en ont rarement réalisé plus de la moitié. La situation qui est toujours créée est celle dans laquelle il y a inévitablement un échec. Il y a un perdant. Pourquoi acceptons-nous cela ? Parceque les effets positifs sur les nombreux bénéfices et le peu d'aspects négatifs que nous avons tous ressenti en les voyant et auquels nous croyons tous fermement, exceptés 2% de ceux qui sont en train de lire ça, sont semblables à un lavage de cerveaux.
Maintenant, ne me crucifiez pas, ou au moins attendez que j'ai terminé. Quand j'utilise le terme de "lavage de cerveau", je n'ai pas dit que "vous étiez tous des idiots sans cervelle, des pions abrutis par les media". J'ai seulement dit que votre foi en la concurrence se perpétue d'elle-même dans les media et vous le voyez des centaines si ce n'est pas des milliers de fois par jour. Tellement que vous en venez à penser que c'est l'"ordre naturel" des choses. Nous avons été conditionnés pour l'accepter. Dans notre esprit, la concurrence est devenu le moyen le plus sain pour améliorer n'importe quelle situation, le choix du client, l'efficacité du produit ou le jeu lui-même. C'est normal, c'est sain et c'est la nature humaine. Je peux vous assurer, comme anthropologiste et comme quelqu'un qui est contre la compétition, qu'il ne s'agit pas d'une tendance naturelle chez l'être humain, ce n'est pas la nature humaine (En fait, je n'ai pas encore vu quelque chose qui a été étiqueté comme la nature humaine et qui l'était vraiment, principalement parce que la nature humaine est le plus souvent utilisée comme une justification pour quelque chose qui est plutôt négatif, combien de fois le don de charité n'est pas considéré comme la "nature humaine").
Je devrais dire ici qu'on peut parler de deux principales formes de compétition. La première, que j'appelle la Compétition situationelle, est basée sur une situation externe et inévitable, telle que la compétition pour la nourriture dans un endroit où il y en a peu. Fondamentalement, il s'agit d'une lutte pour survivre et je soutiens que, dans ce sens, la compétition est absolument la nature humaine. Nous sommes tous des animaux (en écartant les arguments théologiques) et nous ferons donc tout ce que nous pouvons pour survivre. Assez étrangement, c'est souvent dans ces situations que les humains coopèrent le plus. Nous sommes vraiment une espèce bizarre.
La deuxième forme, que j'appelle Compétition Conceptuelle, est sur une situation intérieure et conceptuelle. Il s'agit ici de la compétition à laquelle je suis opposé, avoir le désir d'être le seul à posséder un certain prestige ou une récompense, avoir de l'argent, de la puissance, la célébrité, etc. Ironiquement, c'est cette forme de compétition qui est souvent présenté comme relevant de la nature humaine, une hypothèse qui est peu, sinon pas du tout, soutenue dans la littérature des sciences sociales ou des sciences de la nature [2]. S'il devait y avoir un seul principe dominant représentant la nature humaine dans cette argumentation, ce devrait être le plus certainement la coopération. Cependant, désigner quelque chose comme, simplement, la nature humaine consiste à oublier que chaque individu agit différemment, même légèrement, dans chaque situation. Il n'y a pas une seule "nature humaine" car le sujet est trop vaste et trop changeant.
J'aimerais parler, comme que je crois la plupart des sociologues, de la tendance naturelle des êtres humains à la coopération. Cette tendance se manifeste bien dans les pratiques et les croyances de la Communauté du Logiciel Libre. Malheureusement, je suis incapable d'établir honnêtement qu'il s'agit de ce que le logiciel libre recommande en général, ou bien, que les utilisateurs de Linux en particulier sont individuellement contre la compétition. J'ai vu à de trop nombreuses reprises la manière d'annoncer son nom [a] ou d'autres choses pour le dire avec beaucoup de conviction. La vérité est qu'il y a très peu de gens aussi [follement, inutilement, stupidement] contre la compétition que moi et qui ont pour principe d'aider un adversaire à me battre dans un jeu pour qu'il soit meilleur. La plus grande majorité des gens sont individuellement très favorables à la compétition. Et les actions de la FSC se font, dans un sens, dans un esprit compétitif. Elles le sont puisqu'il s'agit d'essayer d'offrir un substitut à un produit propriétaire. J'admets que l'argument est faible mais il me plaît. L'objectif de la FSC est, quand même, un libre accès à l'information pour chacun. Les résultats désirés de ces efforts ne sont pas de convaincre les gens qu'un produit libre/donné gratuitement est bien "meilleur" qu'un produit propriétaire (bien que ce soit souvent le cas), il s'agit seulement d'offrir le produit gratuitement et ouvert à tous.
Aussi, la compétition est (au moins telle que je l'entends) une abomination pour les membres et la dynamique de la FSC. La compétition est un principe qui ne peut survivre dans la communauté, puisque la communauté toute entière échouerait dans son objectifs désiré si certaines choses qui en font partie échouaient. La règle générale dans la communauté du logiciel libre (et plus largement dans la communauté des hackers [b]) est la coopération. Ma réponse à l'idée de MEGA proposée par Alfie Kohn est Réalisation d'un objectif mutuellement réalisable [Mutually Achievable Goal Attainment, MAGA].
Les règles que j'ai pu apprendre sont les suivantes :
Bien sûr, cette liste n'est ni exhaustive ni exclusive, mais elle montre ce que la coopération implique. L'idée du Mouvement pour le Logiciel Libre est de permettre à tous un accès libre à l'information, ce qui écarte l'idée de compétition. Si, par exemple, je rends l'information libre pour tout le monde, j'y inclue alors les rivaux potentiels, mais les rivaux ne peuvent pas être des rivaux s'il n'y a rien à se disputer. Ceci, bien sûr, ne tient pas compte de la peur constante de la FSC qu'une société s'approprie le travail effectué par des membres honnêtes de la FSC et qu'elle le rende propriétaire. Les rivaux sont là ! L'espoir est qu'une protection adéquate puisse être trouvée, pour que ce qui est libre, reste libre.
La compétition est partout et les entreprises en font la promotion. Combien de fois avons nous entendu que quelque chose "intensifiait la compétition" dans [insérer le type de marché]. Il s'agit d'une idée fausse. Ce n'est pas sain qu'une société posséde tout. Dans ce cas, nous restons la merci d'un "maître du monde", mais de nombreuses sociétés en concurrence n'est pas nécessairement une meilleure situation. L'argument en faveur de la compétition est qu'une entreprise produira toujours de meilleures marchandises qui seront plus rentables afin d'attirer plus de clients qu'une autre société. Quiconque croyant que cela se déroule ainsi est -- et je risque vraiment la crucifixition ici -- un imbécile. Le vrai résultat est que les sociétés enterrent des brevets qui vous éviteraient d'acheter leurs produits (Westinghouse et l'ampoule à longue durée de vie), minimisent ou sabotent le développement de techniques avantageuses (les sociétés automobiles et pétrolières américaines ne voudraient pas que vous ayez connaissance du moteur en céramique permettant d'effectuer plus 100 miles avec un gallon ni du système de refroidissement dont le brevet est tombé aux oubliettes. De plus, une voiture électrique particulièrement efficace est uniquement disponible dans deux états américains et uniquement parce qu'une loi l'impose), et utilisent toutes les méthodes possibles pour écarter leur chemins les sociétés rivales afin de contrôler totalement l'information (le but réel de MicroSoft et d'autres grandes sociétés).
La compétition est, sans aucun doute, quelque chose de négatif pour le consomateur et pour le développement des techniques et des produits. Nous entendons régulièrement que des sociétés en concurrence produisent de meilleurs produits grâce à la compétition et que "le consommateur est le grand bénéficiaire" de ce qu'elles réalisent. Imaginez ce qu'elles pourraient produire si elles travaillaient sincèrement toutes ensembles. Peut-être qu'un jour le Mouvement du Logiciel Libre nous le montrera.
[a] : Une variation dans la manière d'annoncer son nom. Celle-ci oblige le participant à donner le numéro de la première version du noyau Linux qu'il (je n'ai pas encore vu de nom féminin) a utiliser. Il s'agit toujours d'un numéro plus petit que celui de quelqu'un d'autre. A quoi bon ?
[b] : S'il vous plaît, ne le confondez pas avec un cracker (pirate informatique). Le hacker (bidouilleur) est, pour faire simple, quelqu'un qui se délecte dans la compréhension d'un programme. Pour une meilleur description des différences entre les deux, consultez le site Internet de The Hacker Anti-Defamation League (ou Le Jargon Français -- NdT).
[1] : Kohn, Alfie. 1992. No Contest: The Case Against Competition. New York: Houghton Miffin. p 4.
[2] : Voir la note 2, chapitre 2 dans le livre d'Alfie Kohn.
Par J. W. Pennington jwp@awod.com
Le principal problème que la plupart des gens ont eu avec The Beauty of Doubt (la Beauté du Doute) était que je parlais de logiciels dont les sources étaient ouvertes, et non libres, et que je parlais comme si j'étais le porte-parole du Mouvement pour le Logiciel Libre (Free Software Movement, FSM). S'il vous plaît, comprenez que ce n'était pas mon intention de commettre l'une ou l'autre de ces erreurs.
Tout d'abord, je ne suis pas plus le porte-parole du FSM que n'importe quel partisan du logiciel libre. Richard Stallman est à l'origine de la fondation GNU, de nombreuses personnes très actives sont listées sur le site Internet, en plus des centaines de personnes qui apportent leur aide régulièrement. Je suis simplement le membre d'une très large communauté, qui accepte ouvertement le travail et l'opinion de tous (même des toutes jeunes recrues) puisque c'est ouvert. Je voulais présenter cette série comme une discussion par l'un de ces membres, et non comme l'"Ordre de Mission" du FSM. J'incite fortement les nouveaux dans cette communauté à rechercher d' autres informations avant d'accepter aveuglément les points de vue indiscutablement imparfaits.
Ensuite, je voudrais assurer à chacun que je parlais en effet de Logiciel Libre. Je précise que The Beauty of Doubt abordais seulement le côté "code source ouvert" de la médaille, la plupart du texte étant valable pour les deux faces, mais mes idées sont spécifiques à la communauté du logiciel libre. J'ai utilisé Netscape comme exemple dans le paragraphe final de l'article. Sur ce point, je souhaitais seulement montrer qu'il y avait des avantages au modèle du logiciel libre. Malheureusement, j'ai oublié de mentionner les problèmes rencontrés avec la licence publique de Netscape.
J'ai récemment entendu un interview sur National Public Radio (NPR) au sujet d'un "nouveau système d'exploitation qui est une alternative à Windows". Il s'agissait de l'interview d'un expert en informatique et la discussion portait, évidemment, sur Linux. En oubliant cette fois que Linux n'est en aucun cas nouveau, juste une alternative à Windows (impliquant que Windows est, d'une certaine manière, le meilleur système d'exploitation existant actuellement), ou qu'il s'agit même d'un système d'exploitation complet (Linux est le noyau). J'aimerais parler d'une grosse erreur commise par l'interviewé (dont j'ai malheureusement oublié le nom). Dans sa description de Linux, il déclare que Linux est un logiciel libre, libre voulant dire liberté (libre se traduit en anglais par le mot free et signifie aussi gratuit. D'où cette remarque afin de préciser le sens de ce mot -- NdT), et que le code source était disponible. Cependant, il a continué à dire que les logiciels dont le code source était disponible sont ouverts et que logiciel libre signifiait la même chose. C'est une erreur sans gravité pour certains logiciels mais une très grosse erreur pour ceux de la FSC.
Pour les novices et ceux qui ne connaissent pas ce concept, le logiciel libre est un logiciel dont le code source est ouvert, mais tous les logiciels dont le code source est ouvert ne sont pas "libres". J'utilise le terme libre entre guillement car l'idée a peu à voir avec l'argent et tout avec la liberté (voir note précédente -- NdT). Les logiciels dont le code source est ouvert signifient seulement que le code source du logiciel est disponible. Les logiciels entièrement propriétaires peuvent avoir leur code source ouvert, une lecture rapide du Linux Jounal le démontre. Le logiciel propriétaire est celui dont la propriété reste à la société. Si j'écris un programme propriétaire, cela veut dire qu'il m'appartient, totalement. Je pourrais vous faire payer beaucoup d'argent pour l'utiliser, mais vous pouvez seulement l'utiliser. Vous achetez uniquement le droit d'emprunter le logiciel propriétaire, vous ne possédez rien. Quelqu'un qui a lu un contrat de licence comprendra. Le copyright reste valable quand même, que je vous montre ou non comment mon programme fonctionne, que je vous montre ou non le code source. Même si je vous permets de modifier le programme en utilisant le code source fourni, il reste à moi. Si vous regardez attentivement, vous découvrirez que certaines sociétés essayent de vous dire que les modifications que vous apportez leur appartiennent aussi. Il s'agit de logiciels propriétaires, que le code source soit ouvert ou non, et c'est une pratique avec laquelle le FSM n'est absolument pas d'accord.
Le Logiciel Libre est tout à fait différent. Si j'écris un programme et que je le considère comme libre, alors je fournis le code source (il est ouvert), mais aussi je renonce à sa propriété. Je considère que le logiciel appartient à tout le monde. Il y a plusieurs façons de le faire mais le plus souvent, on utilise le copyleft qui est une manière d'utiliser le copyright pour s'assurer que le logiciel, ainsi que les modifications et les ajouts, resteront libre et hors de portée de prédateurs du logiciel propriétaire.
Pour tous ceux qui désirent un explication plus approfondie sur ce qu'est le Logiciel Libre, visitez la page sur la philosophie du projet GNU.
Copyright © 1999, J. W. Pennington - Publié dans le n°39 de la Linux Gazette, Avril 1999.
Adaptation française de Thierry Hamon